Un
groupe progressif arabe –du Bahreïn plus exactement- voilà
qui n’est pas courant. Je dirais même qu’Osiris
est bien le seul. Osiris
est un très vieux groupe attaché à la fois à
sa culture, ainsi qu’au grand prog des années 70, dont
le premier album date de… 1982 ! Le second "Myths
and legends" est quant à lui paru en 1984. Ils offraient
tout deux un prog élaboré et délicat, reposant
sur des mélodies riches et des développements
instrumentaux complexes et variés. Ce qui aurait pu devenir le
3è
album, "Tales of the divers", n’a jamais été
gravé, malgré une prestation live de cette œuvre.
Le présent "Visions from the past" est en quelque
sorte la suite de "Tales of the divers" (qui pourrait voir
le jour prochainement), en cela qu’il traite de l’histoire
méconnue du Bahreïn. Il y a encore 30 ans, ce petit
émirat du golfe persique était une île prospère
où tout de monde se connaissait et vivait en paix. En quelques
années, le capitalisme sauvage a fait son apparition : la
végétation luxuriante a été rasée
au profit de buildings de béton et de verre, les milliardaires
du monde entier sont venus y construire leur villa américaine.
La mondialisation y fait rage et un prolétariat émigré
en fait les frais. "Visions from the past" est un pamphlet
contre l’évolution dramatique que connaît
l’émirat, une ode nostalgique. Il débute par un
poème en arabe (traduit en anglais dans le livret), mais sinon
le chant est en anglais à l’accent parfait (meilleur que
celui de bien des formations allemandes, françaises et
italiennes). Les amateurs de Genesis,
Camel,
Finch
et Jethro
Tull
seront satisfaits par la teneur musicale, souvent proche de celle de
leurs idoles. Solos d’orgue, de moog, de flûte, de
guitare, voix claires et hautes à la Taï
Phong dans
la grande tradition progressive. Le côté arabisant à
la manière de Medina
Azahara ou
de Triana
viennent en fait de certains climats, instrumentations et
percussions. Ne vous y trompez pas : il ne s’agit pas de
musique traditionnelle arabe, mais bel et bien de grand prog avec
quelques ajouts sonores arabes. Et c’est cela qui fait d’Osiris
une formation incontournable. Ce concept album créé par
6 moustachus pas nés de la dernière pluie est d’une
fraîcheur et d’une qualité musicale que je
n’imaginais pas avant de glisser la galette dans mon lecteur
CD. La bonne surprise du trimestre… Achat impératif,
vous m’avez compris.
Cousin Hub
Label (Musea) du groupe
Chronique mise en ligne le 24/06/2009 et consultée 372 fois |