Essayez un instant d'imaginer ce que vous ferez dans 25 ans. Toujours la même chose ? Non, bien entendu, me direz-vous. Et bien c'est pourtant le piège inextricable dans lequel s'engluent quelques uns de nos chers dinosaures progressifs. ELP en est un exemple frappant. Que ce soit pour satisfaire les fans intransigeants, casser le marché des bootlegs, gagner un peu d'argent avant la retraite ou nous faire patienter jusqu'au prochain album studio, il n'en reste pas moins que c'est le 4ème album live du groupe à sortir en près d'un an ! Après le concert de l'Ile de Wight (70), celui du King Biscuit (74/77) et celui en Pologne (97), voici un double CD regroupant des bandes issues de deux périodes distinctes: des ex-traits d'un concert au Cal Jam en 74 ainsi que des enregistrements issus du Now Tour de 97/98. Les quelques titres communs au deux ("take a pebble", "karn evil 9") permettent de juger des évolutions dans l'interprétation. Le choix des morceaux joués cette année ressemble fort à la set-list du concert en Pologne. Il y a tout de même quelques "bonus" tels "time and a place" (tellement relooké qu'on dirait un nouveau morceau !), le toujours magnifique "piano con-certo n°1" (Emerson sortira-t-il un jour les n°2 et 3, sinon à quoi bon numéroter ?), "tiger in a spotlight", "hoedown" ou, plus étonnant, "21st century schizoid man" en rappel. Lorsqu'on examine le répertoire fourni d'un groupe comme ELP, on se demande bien comment les musiciens ne sont pas fatigués de toujours rejouer les mêmes vieux trucs, même s'ils y apportent un son et des arrangements un peu plus modernes. Dommage qu'il n'y ait pas eu le place sur cet album pour inclure "pictures at an exhibition".. non, non, c'était pour rire !! Bref, si vous êtes un fan, cette double "compilation live" est très sympa (et pas trop chère), avec un magnifique livret contenant photos, notes biographiques et -comme c'est original - une illustration de Giger (cf. "Brain salad surgery") . Pendant ce temps, Steve Howe s'apprête à jouer "the clap" pour la 130576ème fois...

Jean-Luc Putaux

Chronique mise en ligne le 16/12/2009 et consultée 395 fois