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Sommaire du n° 92

Paru le 28/04/2015

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Tomas Bodin : Pinup Guru (2002 - cd - parue dans le Koid9 n°44)

Le claviériste des Flower Kings est vraiment un personnage versatile, sûrement au moins autant que son patron Roine Stolt. Son premier album "An ordinary night in my ordinary life", sorti fin 96, prouvait que Tomas Bodin pouvait non seulement écrire de très bons morceaux mais aussi que leur auteur cultivait des goûts incroyablement variés… et une bonne dose d’humour (cf. les expérimentations bizarroïdes avec des titres "clin d’œil" et puis le livret plutôt rigolo).

Ce "Pinup guru" est assez différent de son prédécesseur, même s’il s’agit toujours de musique à 100% instrumentale (si on excepte les différents bruitages vocaux ici et là). Les goûts du bonhomme sont toujours aussi éclectiques et même encore plus qu’avant mais la plupart des morceaux manquent un peu (voire beaucoup) de cohérence. Il ne suffit pas de mélanger du jazz façon années 40 avec du mellotron et des solos de Moog plutôt jazz-rock pour faire un morceau réussi !

Les influences, citons-les vite fait : les grands noms du progressif des années soixante-dix (Yes et Genesis et King Crimson), musique classique, jazz en général (toutes périodes… de Glenn Miller à Miles Davis et Jan Hammer !) et même soul, Zappa aussi, folklore slave, trip-hop et musique électronique !! Tout ceci fait un curieux cocktail et déconcerte parfois l’auditeur, qui a bien du mal à s’y retrouver ! Il faut prendre les choses avec humour, de toute évidence !

De plus, il faut garder à l’esprit que le projet solo d’un musicien, c’est l’occasion pour lui de s’exprimer de toutes les façons possibles lorsqu’il ne peut le faire dans le cadre de son groupe principal pour diverses raisons…

Sur 10 titres, 5 font déjà entre 7 et 14 minutes.. Bien souvent, ils sont subdivisibles en plusieurs sections, dans certains cas très différentes, avec des mélanges plutôt incongrus, c’est le moins qu’on puisse dire ! Par exemple "what’s going on" (13 :37) possède une première partie mélodique, dynamique et plutôt orchestrale qui reprend partiellement le thème de "sounds of violence" figurant sur l’album "The flower king" de Roine Stolt. Le morceau évolue ensuite vers une partie très planante, pour se métamorphoser encore une fois avec des faux crachements de vinyle (un tic qu’on retrouvera ailleurs sur l’album) pendant lesquels on passe assez brutalement à une troisième partie bien plus "groovy" pleine de rythmes complexes vaguement trip-hop, et plutôt jazzy.

Les deux pièces suivantes sont également contrastées : "me and liz" (11:12 !) commence plutôt calmement, avec une très jolie mélodie orchestrée pour flûte et mellotron, deux autres thèmes plutôt classisants (encore de l’orgue d’église !) mais le morceau part en délire après 7 minutes, avec voix échantillonnées orientalisantes et style funky /trip-hop avant de redevenir plus grandiose (ah ! Genesis !). Ensuite, "harlem heat" (8 :20) sonne comme un vieux morceau jazz vocal des années 40 au début mais ça ne durera pas, avec encore une fois l’incursion de rythmes groovy proéminents et des synthés tourbillonnants, puis enfin un thème plus accessible… et du gospel !

On pense à des auteurs de musiques de films par moments ("blood" est un vrai hommage à ces compositeurs avec même des teintes à la Ennio Morricone !). D’ailleurs, Bodin abuse un peu des échantillons vocaux et des bruitages divers sur pas mal de morceaux… comme s’il s’agissait d’une musique de film imaginaire en quelque sorte ! sur plus de 70 minutes !

Bref, on ne peut pas parler d’album monotone ! Mais tous ces changements sur 70 minutes, surtout que tous les morceaux sont enchaînés, finissent pas vous laisser perplexe, un peu perdu et parfois même irrité comme sur le dernier titre, "the final swig" (10:58), qui part vraiment dans tous les sens, avec des délires parfois dissonants, le genre de morceau qu’on a typiquement envie de raccourcir.

Du point de vue de la couleur générale, "Pinup guru" est nettement plus jazzy que le précédent album de Bodin ou même que le dernier Flower Kings, cela sera peut-être du goût de certains et un point plutôt négatif pour d’autres. En fait les influences se succèdent et s’alternent au sein d’un même morceau…

Ce serait quand même résumer un peu vite l’album car le trop court morceau d’ouverture, "sodium regale" pourrait presque sortir du répertoire pour orgue de JS Bach, un morceau magnifique traité en forme d’hymne un peu à la manière d’ELP !

Avec l’interlude "the ballerina is not getting closer" (1 :55) Bodin revient encore une fois très brièvement sur ses amours classiques, évoquant nettement la fameuse "pavane" de Gabriel Fauré sur un rythme de valse mélancolique, le tout interprété sur un piano légèrement désaccordé ! Ce type d’influences se retrouve parsemé ici et là.

Côté arrangements, l’album est encore une fois assez différent de son prédécesseur car il ne fait appel qu’à une section rythmique en plus des claviers, incroyablement variée et chaleureuse (le son est magnifique) grâce au talent de Zoltan Csörsz et Jonas Reingold, respectivement batteur et bassiste des Flower Kings et musiciens exceptionnels s’il en est. Et cela s’entend sur l’album !! Ils ne se limitent pas à de simple rôles de faire-valoir anonymes…

Quant aux claviers, Bodin bat les records de sonorités de tout poil, des plus traditionnelles (piano, Hammond, mellotron, orgue d’église, flûte, harpe, saxophone, trompette !) aux plus modernes. Côté virtuosité, on sait depuis longtemps que le claviériste est tout sauf manchot mais il ne se croit pas obligé de jouer des solos en permanence, heureusement pour l’auditeur, juste assez pour vous faire siffler d’admiration de temps en temps !

"Pinup guru" est donc un album foisonnant d’idées, mais pas très cohérent hélas et manque un peu de thèmes marquants. Ceux qui connaissent le premier album retrouveront pas mal d’éléments de celui-ci, (la guitare en moins) mais surtout le côté délirant développé à l’extrême.

"Pinup guru" est l’enfant terrible d’un musicien doué mais incroyablement capricieux.. et plein d’humour. Si vous aimez les claviers, les surprises et que vous arrivez à digérer toutes les influences citées ci-dessus, cet album est pour vous ! Mais attachez votre ceinture…

Marc Moingeon

Chronique mise en ligne le 21/01/2010 et consultée 348 fois

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