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Sommaire du n° 92

Paru le 28/04/2015

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Osibisa : Woyaya (1972 - cd - parue dans le Koid9 n°72)

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BLACK IS BEAUTIFUL

Ce trimestre nous allons nous intéresser à un courant bien particulier de la musique progressive - l’afro-rock - au travers des deux premiers albums des deux plus prestigieux représentants de ce mouvement. Mon premier a élu domicile en territoire britannique et mon second aux Etats-Unis. Tous deux ont sorti leur premier disque en 1971, avaient choisi un animal pour symboliser leurs origines africaines (un éléphant volant pour l’un, un babouin pour l’autre) et offraient une musique colorée de rythmes chaleureux, de cuivres et d’envolées instrumentales électriques. Il s’agit bien évidemment d’Osibisa et de Mandrill, dont leur 1er album éponyme restera un classique du genre pour toujours.

OSIBISA - Osibisa (1971, MCA)

Cette formation est constituée pour moitié de musiciens africains et originaire des Caraïbes. Ses origines remontent à la fin des années 50 lorsque le saxophoniste/flûtiste Teddy Osei et le batteur Sol Amarflio fondent au Ghana The Star Gazers, puis The Comets qui décroche le tube "pete pete" en 1958. Le trompettiste Mac Tontoh (le frère d’Osei), ex-Uhuru Dance Band, rejoint alors le groupe, lui insufflant une grosse dose de jazz. Puis, en 1962, Osei émigre à Londres pour étudier la musique avec une bourse offerte par le gouvernement ghanéen. Il crée le groupe Cat’s Paw en 1964, mélangeant musique africaine au rythm-and-blues de l’époque. Cela débouche sur la formation d’Osibisa en 1969 avec des musiciens expérimentés. Il s’entoure de ses vieilles connaissances ghanéennes, Sol Amarflio et Mac Tontoh, et recrute Spartacus R à la basse (originaire de Grenade), Robert Bailey aux claviers (de Trinidad), du guitariste Wendell Richardson (d’Antigua), ainsi que du saxophoniste/flûtiste et percussionniste Abdul Lasisi Amao (du Nigéria). La musique riche d’Osibisa, faite de mélange d‘influences tant africaines, latines, jazz, blues, progressives, va de suite toucher la jeunesse estudiantine londonienne (constituée d’une forte communauté africaine), avant de séduire les fans de rock progressif traditionnel. En effet, en 1971, le premier album, simplement titré "Osibisa" va fortement marquer les esprits, grâce à sa magnifique pochette, signée Roger Dean, représentant deux éléphants volants dans un décor rose pastel. Univers onirique, chargé de substances illicites… Voilà pour la forme. Le fond est encore plus enthousiasmant car la world-music, teintée de rythmes, de cuivres et de chœurs africains, est vraiment mêlée aux influences d’inspiration progressive, via une flûte très tullienne, voire proche de celle de Caravan, d’une guitare aérienne et virtuose (superbe Richardson  !), de tensions à la Crimson, d’orgue pouvant évoquer Steve Windwood. Les 7 titres offerts par "Osibisa", majoritairement instrumentaux (à peine émaillés de chœurs africains), avec quelques longs solos de percussion, sauront satisfaire les amateurs de Santana, Traffic, Miles Davis (années 70) ou Chicago, auxquels Osibisa – avec plus de naturel - peut se rapprocher. Après l’ouverture de "dawn" qui assoit le son d’Osibisa, nous est offert l’exubérant "music of gong gong", 1er single du groupe. "Akwaaba", "phallus c" et "oranges", avec leurs percussions irrésistibles nous donne une pêche d’enfer. "think about the people" clôt le disque avec un message de fraternité entre peuples. Ce disque est vraiment l’étalon du genre et sans doute l’album le plus spontané et réussi du groupe.

Cependant, je pense que le second – "Woyaya" - plaira davantage au lectorat du Koid'9, car justement plus "écrit" et "ambitieux". Le côté "fou-fou" africain est plus contenu, les instruments électriques (dont la guitare magique de Richardson qui se taille la part du lion, notamment sur "y sharp", mais également sur la plupart des morceaux) sont mieux mixés par rapport aux cuivres et aux percussions. Si "Osibisa" était largement du fait d’Osei, "Woyaya" offre une plus grande diversité dans les crédits, Amarfio signant "woyaya" (qui sera repris plus tard par Art Garfunkel), Richardson "move on", Amao "rabiatu", Tontoh "survival". Il y a également du chant solo (et pas seulement des chœurs) que Teddy Osei assure avec brio ("spirits up above" qui voit aussi un superbe solo de piano électrique). Encore une fois, Roger Dean signe la pochette (toujours un éléphant volant), mais pour la dernière fois car sur l’album suivant ("Heads"), on fera appel à Mati Karwein (le responsable des pochettes "Abraxas" de Santana et "Bitches brew" de Miles Davis).

Osibisa va poursuivre sa carrière avec des hauts et des bas, sombrant même dans le disco à la fin des années 70.

MANDRILL - Mandrill (1971, Polygram)

Moins connu, car plus loin de nous (ils sont américains), Mandrill a également apporté sa pierre à l’afro-rock d’obédience progressive (surtout sur ses trois premiers disques). Toutefois, c’est en fondateur d’un certain funk "psychédélique" new-yorkais qu’il est connu, étant même l’un des groupes les plus samplés par les artistes de hip-hop comme Public Enemy ou Kanye West. L’âme de Mandrill vient des trois frères Wilson (ceux natifs du Panama, pas les "garçons de plage"  !) qui l’ont créé à Brooklyn en 1968. Il y a Carlos "Mad Dog" au trombone et chant, Louis "Sweet Lou" à la trompette et au chant et Richard "Dr Ric" au sax et au chant. Ils s’adjoignent les services de Fudgie Kae (basse), Neftali Santiago (batterie, percussions, chant), Claude 'Coffee' Cave II (claviers, percussions, chant) et Omar Mesa (guitare).

Le 1er album avec sa tête de babouin en pochette et son logo "à racines" est une incroyable réussite, même si les amateurs de Mandrill tendent à le dénigrer. OK, les influences de Santana, voire même de Chicago, sont notables, mais ce disque n’est absolument pas funk et navigue tantôt entre un rythm-and-blues à la Clapton plutôt entraînant et chaleureux ("warning blues", "rollin’ on"), un jazz-rock santanien éclatant et étourdissant (le fameux instrumental "mandrill"), et un rock-jazz épique comme pouvait nous le proposer Chicago sur "Chicago" et "Chicago III". Ainsi, le doux "symphonic revolution" (5’22), le 3ème morceau, s’ouvre sur des volutes de flûte et se développe de manière très raffinée avec un chant polyphonique magnifique, accompagné délicatement par un orchestre symphonique, le vibraphone, la flûte solo. Mais ce n’est pas tout  ! La seconde face de "Mandrill" est largement dédiée à la suite "peace and love" (tout un programme  !) en 5 mouvements  !!! "birth" (nappes de synthétiseurs, volutes de flûtes inquiétantes), "now" (heavy-rock africain), "time" (intermède instrumental et jazzy où conversent trompette, flûte et piano électrique jusqu’au délire), "encounter" (chanson dramatique et pompeuse où la voix, superbe, la guitare lyrique et les cordes prennent aux tripes) et "beginning" (court final très Osibisa où les musiciens scandent "peace, love" sur des percussions multiples et variées. La face B se termine par "chutney", un instrumental éthéré jazzo-symphonique à la gloire de la flûte et du vibraphone.

En 1972, paraît le deuxième album, "Mandrill is" (toujours avec le visage de babouin sur la pochette) qui impose fièrement son style. Plus rythmé et rentre-dedans (le funk "ape is high", le single "git it all"), mais également empreint de sensibilité et d’émotion (le magnifique "children of the sun", le lyrique "the sun must go down"). Proche de Chicago jusque dans la voix ("I refuse to smile", "central park"), voire de Santana ("lord of the golden baboon"), ou bien d’un hard-rock coloré (l’excellent "here today gone tomorrow"). Sans compter les instrumentaux jazz ("cohelo", "kofijahm"). Bref, hormis la narration pénible "universal rhythm" (3’25 tout de même), "Mandrill is" est un excellent disque, plus mûr que son prédécesseur.

Comme Osibisa, Mandrill va se perdre peu à peu (mais quel artiste est resté inspiré de bout en bout  ?), aspiré par le communautarisme (et la musique attendue par ce public  : funk, disco, reggae, hip hop…).

Osibisa et Mandrill existent et tournent toujours. Pas dans leur configuration originale, bien entendu (chez Osibisa, beaucoup sont décédés), mais la musique est toujours là, les tenues africaines traditionnelles aussi. "Osibisa" et "Woyaya" ont été réédités par Repertoire l’an dernier, mais il existe aussi une réédition, plus économique sous la forme d’un double-album parue en 2004 chez BGO. Quant aux deux premiers Mandrill, vous pouvez les trouver chez Collectables (rééditions de 1998).

Cousin Hub

Chronique mise en ligne le 18/08/2014 et consultée 230 fois

NB : les propos tenus dans les chroniques n'engagent strictement que leurs auteurs, fautes d'orthographe comprises le cas-échéant, le responsable du site n'ayant pas le temps de tout relire et n'étant pas exempt d'en faire lui-même !

La Cave à 20




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