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Sommaire du n° 92

Paru le 28/04/2015

LE COIN DES ANNONCES :

COMPTE-RENDUS DE CONCERTS : KOID9 ETAIT LA !

Festival Crescendo 2005 - St-Palais-sur-Mer - 19 et 20 août 2005 (paru dans le Koid9 n°55)

CRESCENDO

La formule qui fonctionne


Que ce soit en termes de public ou financiers, le modèle mis en place à St Palais sur Mer, près de Royan, par l'association Crescendo depuis 7 ans maintenant, semble bien être une formule gagnant-gagnant.

Par Benoît Herr

Photos : Serge Llorente


A l'heure où les plus sérieux doutes planent sur la pérennité du festival de Sarlat, qui a connu un gros revers cette année, où l'ami Olivier Bégué, à l'origine du festival Close Encounters of Electronic Music de Libourne, s'est pris une veste, où l'on ne parle plus du tout du festival de Lormont/Orthez, où il devient de plus en plus difficile, dans un contexte concurrentiel de plus en plus rude, d'organiser des concerts en région parisienne, comme ce que tente de faire l'association ProgLaVie, seuls le ProgSud et Crescendo semblent tirer leur épingle du jeu.

Organisé par Alain Chiarazzo et le groupe Éclat, le ProgSud est, au fil des années, devenu une sorte de rendez-vous d'amis et de connaissances qui s'apprécient, apprécient de se retrouver et d'échanger entre eux dans une ambiance sympathique et bon enfant dans un lieu aux capacités d'accueil limitées, un peu à l'instar de ce qui se passe en Hollande, au ProgFarm avec le groupe Flamborough Head.

L'ambiance est toute autre à St Palais sur Mer—non qu'elle ne soit pas sympathique et bon enfant, bien au contraire—mais l'objectif de l'association est d'attirer le public le plus large et le plus important quantitativement possible dans un festival annoncé comme gratuit. C'est pourquoi, en plus des habitués de ce genre de manifestations (salut au passage à Fred, Jean-Marie, Florent, Christian, Olivier et à tous ceux que j'oublie), on y rencontre aussi de parfaits inconnus, des vacanciers en goguette, venus parfois en famille. Nouveautés cette année : les métalleux venus spécialement pour Pain Of Salvation.

Bien entendu, l'entrée sur l'esplanade du Concié est gratuite, mais les boissons, elles, sont payantes, tout comme les frites, les moules etc. ainsi que les T-Shirts, chemises, sweat-shirts et autres DVD (nouveauté 2005) frappés du sceau de Crescendo. Et la recette de ces ventes, augmentée des efforts consentis par les sponsors et les collectivités locales, suffisent à équilibrer le budget de l'association. Elle est pas belle, la vie ? Voilà de quoi faire réfléchir tous les organisateurs de concerts et de festivals existants ou en devenir...

Quant à l'affiche en elle-même, elle comptait cette année encore 6 groupes pour deux soirées bien remplies : Underground Jam, Drama et Five Fifteen (ou 5:15, au choix) pour la première, Vrooom, Trigon et Pain Of Salvation pour la seconde.


Premième soirée :

Annoncés comme une bande de potes passionnés de musique des 70s, Underground Jam a investi la scène pile à l'heure dite pour revisiter un répertoire oh combien connu, allant de Deep Purple aux Rolling Stones en passant par Led Zep, Hendrix et même les Stooges : ce "I wanna be your dog" aura sans doute été la seule de ces reprises qui m'aura fait un tant soit peu vibrer, sans doute plus pour les souvenirs qu'il évoquait en moi que pour la manière dont il était interprété, très moyenne. Bref, ce Jam Underground est sans doute appelé à le rester, underground, mais il aura au moins servi de hors-d'oeuvre au festival.

Suivirent d'autres français, ceux de Drama, qu'on nous annonçait comme ayant beaucoup progressé depuis qu'ils ont remplacé leur chanteur. Drama, Drama... ça nous a comme un petit relent de Yes, ça, non ? On s'attendrait à un déferlement de claviers, même si "Drama" correspond à l'époque Downes de Yes et non à celle de Wakeman. Seulement voilà, problème... Le clavier de Drama est annoncé comme malade et aux abonnés absents. Dur dur, la tourista, sans doute, en cette période estivale... Du coup, ses acolytes ont fait le choix de venir avec les parties de claviers (les parties DE claviers, hein, pas les parties DU claviers) sous le bras, sous la forme d'une bande enregistrée. En utilisant cette bande, le groupe s'est enfermé dans un carcan, se bridant volontairement et s'interdisant tout débordement scénique, toute impro, toute fantaisie. Nous avons donc eu droit à un set particulièrement plat, fade, terne, sans rapport avec ce qu'on était en droit d'attendre. Dommage. Trois fois dommage ! Sûr qu'ils ne se sont pas vraiment exprimés. C'était la seconde fois en deux ans que j'assistais à un set de ce type, avec des bandes à la place des parties de claviers pour cause de musicien absent. Et par deux fois, le résultat a été particulièrement décevant. Il me semble que, dans ces conditions, il vaudrait mieux ne pas jouer du tout plutôt que de décevoir un public déjà pas trop nombreux. Mais ce n'est que mon avis.

Les finlandais de 5:15 ont ensuite bien sauvé la première soirée et à eux seuls auraient justifié le voyage. Mika Järvinen a littéralement mis le feu aux planches pour cette première prestation du groupe dans l'hexagone.

Vous avez dit prog ?... Na, na, na... il ne s'agit pas à proprement parler de prog. Même pas du tout, pour être franc. 5:15 nous sert un hard-rock bon teint, classique, mâtiné de rythm'n'blues, puissant, à la rythmique imparable et aux mélodies efficaces. Une musique assez simple, loin des errements virtuosiques de certains, mais infiniment plus efficace sur le plan émotionnel.
Quant à Mika, sorte de croisement entre Robert Plant et Iggy Pop saupoudré d'un soupçon de Ted Nugent, il ne cesse de sauter, de courir, de faire des figures avec sa guitare et sa chevelure aussi abondante que longue et blonde. Torse et pieds nus, il martelle fréquemment la scène avec son instrument et est descendu à plusieurs reprises dans le couloir séparant la scène du public pour laisser les fans en délire grattouiller les cordes de sa Gibson. A un moment, il s'est même permis une virée en plein coeur d'un public ébahi, pour s'allonger sur les gros graviers coupants de l'esplanade du Concié, tout en continuant à martyriser sa Gibson. Et heureusement que la structure métallique de la scène mise en place par l'association Crescendo était costaud, car à l'instar d'un Iggy Pop qui escalade en permanence les murs d'amplis, ne voilà-t-il pas que notre Mika s'est mis à escalader l'un des poteaux de soutenement jusqu'au faîte, toujours pieds nus, bien entendu ! Quand on sait (comme moi qui l'ai vu faire) la quantité de vodka finlandaise que le bonhomme s'est envoyée avant le set, ça donne des frissons... D'ailleurs, il a eu un peu de mal à redescendre.

Ah oui, au fait, Mika s'appuie sur un groupe, aussi... Je m'aperçois seulement maintenant que je ne vous en ai rien dit ! Il faut en particulier mentionner la chanteuse, Saana Koskinen, dont la voix vient compléter avec beaucoup de bonheur celle de Mika. Et puis il y a un guitariste, aussi... enfin un guitariste permanent, quoi, c'est-à-dire qui ne martyrise pas sans arrêt sa six-cordes en produisant des sons divers, un pro, en la personne de Matti Salovaara. Parce que s'il avait fallu compter sur ce que gratte Mika, il y aurait eu des sacrés trous dans la ligne de guitare, d'autant plus qu'il avait un problème de faux-contact avec une jack de pédale d'effets dans laquelle, de rage, il a collé un coup de saton à un moment. D'ailleurs, ils sont tous pros, dans le groupe, que ce soit Santeri Saksala, le batteur, Juha Kuoppala, le claviériste à la clope au bec ou Mikko "merci de ne plus rajouter de trémas dans mon nom" Määttä, le bassiste. Bref, un groupe de pros, pas prise de tête du tout, avec un son réglé juste comme il le fallait (except for the crackling noises), pour une prestation des plus jouissives, terminée sur un hommage à Thin Lizzy et au grand Phil Lynott. Ouah ! Seul défaut de cette prestation, sa durée : 1h15 à peine. We look forward to seeing you very soon in France, Mika & band ! A vous les studios.

Deuxième soirée (par Sébastien Blandineau) :

Vrooom : Ce groupe, originaire de Bordeaux, est composé de quatre jeunes musiciens d'une vingtaine d'années issus d'univers variés (jazz, métal, classique) pour constituer un groupe de reprises à King Crimson. Vrooom réadapte le répertoire du Roi Pourpre des années 70 à aujourd'hui en versions originales et énergiques. J'ai vraiment été impressionné par la qualité de l'interprétation ainsi que le jeu de scène vu l'age des musicos… Ce groupe est très intéressant et prometteur ! Ca m'a permis de redécouvrir les musiques du Crimson que je n'avais pas écouté depuis un petit moment… Face à cette performance, le public a très bien réagi ! Vous pouvez écouter leur démo 4 titres sur leur site web : http://www.vrooomband.com/

Trigon : Le groupe Trigon est originaire de Karlsruhe en Allemagne et forme un trio guitare/basse/batterie. Leur passage à Crescendo est une étape importante suite à leur succès rencontré au festival Baja Prog de Mexicali au Mexique. Ils émergent de la scène prog actuelle et nous ont délivré un set assez sympa dans l'ensemble ce soir malgré quelques longueurs. A part ça, j'ai trouvé la basse un peu trop forte par rapport aux autres instruments.

Pain Of Salvation : Le tant attendu pour ce festival 2005 reste bien sur le groupe Pain Of Salvation. Beaucoup ont sauté le pas juste pour voir ce grand groupe. Pour ce concert, le groupe n'avait pas emporté son matériel, d'où l'absence de titres du dernier album qui ne pouvaient pas être interprété dans ces conditions. Ils ont fait un set très "old school" pour une durée d'environ 1h30 incluant un deuxième rappel totalement improvisé. Le son n'était pas génial au départ mais s'est arrangé par la suite. J'ai beaucoup apprécié le show et j'ai été très agréablement surpris face au charisme de Daniel Gildenlow. C'est un très grand frontman !


Sachez que les performances de ce festival ont été filmées en vue d'une sortie en DVD en décembre. Restez connecté sur http://www.Festival-Crescendo.com pour savoir comment vous le procurer..


Après le set très metal, très fort, trop fort et dépourvu de morceaux de "Be" de Pain Of Salvation, devant une esplanade du Concié packée avec des métalleux de tout poil pas toujours très respectueux des goûts musicaux des autres (certains ont bien foutu le caillon lors du set de Trigon tout en réservant leur place pour la suite), Sébastien Monteaud, Président de Crescendo, est venu, comme à son habitude, remercier tous les bénévoles et surtout annoncer qu'il y aura bien un festival Crescendo en 2006. En général, tout le monde est content à Crescendo, qu'il s'agisse des groupes, du public ou des gens de l'association. C'est ça qui est chouette. Et en prime il y a la mer, (presque) toujours le soleil et la bonne bouffe. Ce n'est pas si souvent qu'on peut ainsi terminer sur une note optimiste. Profitons-en.

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