On a déjà expliqué ici moult fois que Wishbone Ash, groupe fondateur des Twins Guitars, plus de quarante ans d’âge, n’avait pas grand-chose à voir avec le prog' et même de moins en moins sur ces dernières années. C’est sûrement "Argus", leur chef d’œuvre, sorti en 1972 au cœur de la splendeur de Genesis et Yes, qui, de son folk rock extrêmement racé, a créé la confusion. M’enfin, les auditeurs auront eu le temps de corriger, non ? Dans cet éternel combo, nulle trace de claviers ; rien que de l’électricité qui crépite aujourd’hui de la Gibson Flying V d’Andy Powell, le rescapé des tous débuts et de la Les Paul de Muddy Manninen, son comparse finlandais depuis quelques années. En tournée à travers le monde 365 jours sur 365, ces stakhanovistes ne sont que très rarement décevants sur scène et vous savez ce que c’est, quand on aime et qu’on connaît un groupe sur le bout des doigts, on est plus que sensible que d’autres au choix de la set list. WA sait bien que la France aime "Argus" et nous en sert donc toujours la quintessence, "King Will Come", "Throw Down the Sword", "Blowin Free", "Sometime World" chaque fois qu’il passe au Plan de Ris Orangis - bien plein ce soir là - ce qui est quasiment le cas chaque année. J’aurais aimé qu’il puise davantage dans son insondable répertoire, mais il en faut pour tous les goûts. Comme souvent, on entendait mieux la guitare d’Andy, à droite, que celle de Muddy et Andy justement était en forme ce soir-là. Les meilleurs moments du show furent ceux que l’on attendait le moins, un "Lifeline " bien envoyé et pas loin d’être hard, une jam sur "Heavy Weather" et la présentation des musiciens sur un "Engine Overheat " bien boosté. J’aime toujours autant la prestation de Muddy sur "Phoenix " mais à force de les voir jouer ce long morceau de bravoure avec son arrangement reggae en fin de ban, je me lasse un peu. À l’arrivée un concert très correct mais un peu convenu.

Au fait, il y avait en première partie un guitariste de blues de tous les diables, le dénommé Ryan McGarvey, dans la lignée d’un Joe Bonamassa. Ok, il y a du monde dans la catégorie mais je crois que "Guitar Player Magazine" l’a nommé meilleur nouveau talent 2012 et on comprend aisément pourquoi. Avec sa façon très esthétique de jouer - il se tient souvent en ligne, de profil - et ce qu’il sort de sa gratte, on entendra reparler de lui.

Jean-Marie Lanoë

Set List :
The King Will Come
Throw Down the Sword
Sometime World
Lifeline
Open Road
Man With No Name
Heavy Weather
Surface to Air
Engine Overheat
Phoenix

Rappel :
Blowin’ Free
Jail Bait