Lorsqu'Andy joue Edmond à Kaiserslautern

En ces premiers jours d’avril, j'ai eu le plaisir d'assister à l’une des dernières représentations de l’opéra rock Christ’O au Pfalztheater de Kaiserslautern, ville d’Allemagne et du Palatinat (d'où le nom du théâtre) et fief du groupe Vanden Plas, auteur de l'œuvre en question. Il s'agit d'un opéra en 2 actes dans lequel Andy incarne Edmond Dantes, le héros imaginé par Alexandre Dumas dans le comte de Monté Cristo, tandis qu’Ulrich Wewelsiep personnifie son alter ego sous les traits de l’inspecteur X.

La base musicale est l’album éponyme, sorti en 2006 par Vanden Plas. À partir de cette base, le librettiste Holger Hauer (qui est par ailleurs un acteur répué en Allemagne. Il a notamment joué dans Tommy, Hair et le Rocky Horror Show) en a fait une œuvre scénique avec orchestre symphonique, chœurs grandioses et décors somptueux. Nous retrouvons avec joie, après Abydos et Ludus Danielis, Astrid Faustberg qui joue ici Mercedès. Randy Diamond est également une vieille connaissance : après son double rôle des rois Belsazar et Darius dans Ludus Danielis, le voici qui enfile celui de M. de Villefort. Tout ceci pour vous expliquer que l’équipe autour de Vanden Plas, bien que venant de milieux musicaux très différents, est extrêmement soudée et se connaît bien. Si, bien sûr, Andy Kuntz se taille la part du lion, faisant l’objet de tous les regards et de toutes les attentions, il serait injuste de ne pas souligner le rôle musical ô combien capital de Günter Werno, qui signe là des arrangements absolument parfaits.

Par rapport à la mise en scène de Munich, comme le signalait Andy dans l’interview, j’ai grandement apprécié la mobilité et le caractère plus abstrait, moins figuratif, des décors. Ils sont déplacés soit par des moteurs soit par des personnes. Je pense notamment aux fameux containers, qui passent ainsi de gauche à droite de la scène très rapidement, montent ou descendent tout aussi vite, amenant ainsi sur scène un mouvement quasi permanent et une animation qui ne nous permettent pas de s’ennuyer une seconde. Le plus fascinant est sans doute la possibilité qu'elle offre de créer des niveaux, en faisant monter et descendre certaines parties, comme dans la scène de l'enterrement, par exemple. À un moment, certains des containers s’ouvrent brutalement, laissant apparaître un splendide chœur féminin, ce qui est assez inattendu, surprenant et original ! Le nombre d’intervenants sur scène est aussi très impressionnant. Les costumes sont magnifiques et énormément travaillés. Quant aux lumières, elles mettent le tout en valeur, et s’il n’y a pas quand même pas de feux d’artifice, nous avons droit à quelques séquences avec du feu bien réel.

Enfin, bien évidemment, Andy se donne beaucoup et vit son personnage avec la plus grande conviction. En assistant à un tel spectacle, on comprend mieux la fierté de Vanden Plas d’y avoir participé. C’est, ou plus exactement c’était (puisque la dernière représentation de cette deuxième salve a eu lieu le 5 juin), un spectacle unique et inoubliable.

Benoît Herr

P.S. Merci à Hans-Jürgen Brehm-Seufert pour ses photos et à Gilles Masson pour son "coup de main" logistique fort apprécié...

A lire également, parus dans le même numéro de Koid9 :
- la chronique de The Seraphic Clockwork par Gilles Masson
- l'interview de Andy Kuntz réalisée par Benoît Herr