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Paru le 28/04/2015

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Sylvan - Rompre le silence - Avril 2007 (paru dans le Koid9 n°61)

Rompre le silence

Propos recueillis par Cyrille Delanlssays


En quelques années, Sylvan est devenu une valeur sûre sur la planète progressive. Savant mélange des genres, alliant des atmosphères en toute légèreté avec de brusques accents d’énervement, nos voisins germaniques viennent de sortir coup sur coup deux albums diamétralement opposés, réunis par leur réussite commune. Si le conceptuel "Posthumous silence" a déjà fait l’honneur d’excellentes critiques, la pop chiadée de "Presets" devrait rapidement rejoindre ce dernier au tableau de chasse des amateurs de Coldplay, Muse et autres Marillion. Avec cette brillante démonstration, nul doute que l’avenir est devant eux. En attendant, le chanteur Marco Gluhmann reste devant le micro.


Sylvan est aujourd’hui une référence incontestable dans le petit monde du rock progressif mais paradoxalement, le public ne vous connaît pas si bien que cela...

Le groupe s’est créé au début des années 90 sous l’impulsion de Matthias, Volker et Kay et a officié sous diverses appellations. Les chanteurs se sont alors succédés avant que je n’arrive aux alentours de 1995-1996. C’était peu avant la production du premier album studio, "Deliverance". Le groupe s’est alors décidé pour le nom de Sylvan et l’album est finalement sorti en 1999 sous un label indépendant. Depuis, nous restons difficiles à classer bien que nos fans soient assez friands des termes "néo-progressif" et "art-rock mélodique".


Je crois que le nom Sylvan vient de la divinité germanique Sylvanus ?

Effectivement. Nous voulions quelque chose de court mais avec du sens. Comme la pochette de "Deliverance" était ornée d’un arbre fabuleux, le patronyme de Sylvanus, qui est le Dieu de la forêt, s’est imposé de fait... On l’a ensuite réduit à Sylvan et le tour était joué.


Comment percevez-vous l’évolution de votre musique depuis la fin des années 90 ?

Enorme ! Nous avons commencé par un néo-progressif symphonique sur "Deliverance" avant de toucher à des choses plus modernes avec des accents alternatifs sur "X-rayed" notamment. "Posthumous silence" combine quant à lui ces diverses influences dans une voie plus conceptuelle.


Justement, revenons quelques instants sur le concept de "Posthumous silence"...

C’est l’histoire d’un père qui retrouve le journal intime de sa fille disparue. Il comprend alors la façon dont elle voyait le monde. Cette découverte le pousse à affronter des mots qu’il n’aurait jamais imaginé entendre et face auxquels il ne peut plus rien. Mais "Posthumous silence" n’est pas seulement axé sur la relation entre un père et sa fille, c’est aussi une façon de parler de notre relation avec ce qui nous entoure, avec le monde. L’album combine cette histoire particulière avec des thèmes universels et c’est aussi la raison pour laquelle notre musique lui est si intimement liée.


Comment avez-vous abordé cet exercice de style toujours périlleux ?

Elaborer un album concept prend beaucoup de temps et nécessite de nombreux efforts. Il faut atteindre une grande unité aussi bien dans la musique que sur les textes. Nous avons démarré avec une histoire et quelques idées de mélodies. Ensuite, les compositions se sont faites en fonction de cette trame et les textes se sont ajoutés au fur et à mesure.


Comment fonctionnez-vous pour écrire ?

Cette fois, ce fût un véritable effort commun, à tous les niveaux. Habituellement, la musique est composée avant les textes, ces derniers devant s’adapter au mieux. Pour "Posthumous silence", nous avons développé conjointement une histoire autour d’un concept musical. Rendre le tout cohérent ne fût pas une mince affaire. D’ailleurs, une troisième couche de ce travail concernait les bruitages, très présents sur l’album. Mais bon, en principe, les chansons commencent avec une idée apportée par l’un de nous puis développée en commun avant d’aboutir à une structure et des arrangements adéquats. Pour "Posthumous silence", il a fallu travailler sur plusieurs idées simultanément...


Son succès fût une grande surprise, n’est-ce pas ?

Oh oui !


Et comment l’expliquez-vous ?

Il semble que le public soit encore assez ouvert sur les albums conceptuels ou développant une ligne narrative plus complexe qu’à l’accoutumé. Cela pousse l’auditeur à s’identifier davantage à la musique. C’est la preuve qu’il reste des personnes pour qui la musique venant du cœur compte vraiment.


Et quelles sont pour vous les raisons pour lesquelles l’Allemagne est toujours un pays si friand de Rock Progressif ?

Je ne sais pas si l’Allemagne est très portée sur le Rock Progressif mais il y a quelques bons groupes ici. Peut-être est-ce dû à la médiocrité des programmations télés et radios...


Quelques mois seulement après la sortie de "Posthumous silence" paraît "Presets", très différent dans son approche musicale.

Oui, les deux albums ont été produit parallèlement mais "Presets" peut être vu comme quelque chose de très différent. Alors que "Posthumous silence" se focalise sur une ligne symphonique assez recherchée, "Presets" développe des structures musicales plus évidentes sans pour autant sacrifier les mélodies, les émotions ou notre empreinte personnelle. Même s’il est plus accessible, "Presets" est rempli de belles mélodies aux atmosphères mélancoliques.


Quelles sont les grandes différences entre un album comme "Posthumous silence" et "Presets" ?

De la même façon que nous avons composé et arrangé "Presets" en même temps que "Posthumous Silence", le processus créatif fût assez similaire. Pour chaque idée proposée, nous décidons si elle colle au projet et si c’est le cas, nous travaillons alors la structure, les arrangements et le son. Cela complique parfois les choses car il faut rester sur la bonne voie. Mais dès le départ, il était évident pour nous que faire deux albums très différents serait bénéfique... même si cela s’est avéré particulièrement stressant ! Mais je crois que le résultat est plutôt réussi.


N’est-ce pas aussi une bonne solution pour élargir votre panel de fans ?

Quelque part, c’était l’idée de départ : réaliser un album plus accessible, donc plus ouvert. Mais nous avions également besoin de composer des chansons libres, en dehors d’une histoire ou d’un concept. C’était important d’un point de vue créatif et c’est ce qui nous a finalement décidé.


Certains titres de "Presets" me font penser à Marillion ou Coldplay... revendiquez-vous ces influences ?

Oui, bien sûr, tu as raison. Mais il y a également Porcupine Tree, Pineapple Thief, U2, Keane, Sting ou Peter Gabriel. Nous avons grandi avec la musique de certains d’entre eux et les autres sont venus s’ajouter à la liste par la suite. Evidemment, la musique classique est aussi une grande source d’inspiration pour chacun de nous.


Avez-vous planifié un single tiré de "Presets" ?

Rien n’est planifié même si nous avions pensé un moment à "for one day"...


Il me semble que vous vous auto-produisez depuis "Artificial paradise". Quels avantages tirez-vous de ce système ?

Cela nous permet avant tout de prendre les décisions nous-mêmes, d’avoir une complète maîtrise des éléments musicaux, de la conception ou du graphisme. C’est une extraordinaire liberté ! De plus, nous ne voyons pas l’utilité d’avoir quelqu’un entre nous et les distributeurs. Nous ne coopérons avec des labels que dans le cas où ils nous aident vraiment comme aux Etats-Unis avec ProgRock Records. Shawn Gordon est un type fantastique qui nous file un grand coup de main là-bas. Sans lui, nous n’aurions jamais pu toucher ce public.


Et comment voyez-vous l’avenir de Sylvan ?

Nous ne savons jamais à l’avance à quoi ressemblera le futur. C’est l’avantage de notre liberté. Mais pour l’heure, nous travaillons à l’enregistrement et à la sortie d’un CD/DVD live pour l’année prochaine et je peux déjà te dire qu’il sera grandiose !


Et quelle est votre position concernant le débat sur le mp3 ?

Internet est une merveilleuse opportunité pour se faire connaître et approcher les auditeurs, les organisateurs de concerts. Mais le piratage est un problème très différent car il n’affecte pas seulement les grands labels mais aussi les groupes eux-mêmes. Pour nous, ce n’est pas véritablement un souci. Cela peut même nous faire de la publicité car les fans préfèreront toujours de vrais cd surtout s’ils sont bien produits. C’est aussi la raison pour laquelle nous soignons nos albums et faisons en sorte que chacun apprécient de les avoir en mains !


Et Sylvan en France ?

Nous partirons en tournée en mai prochain et passerons par la Belgique au "Spirit of 66". Pour le moment, nous n’avons pas de date en France mais bien entendu, nous aimerions beaucoup venir ! Alors qui sait ?


C’est le moment de conclure Marco. Quelques mots pour les lecteurs ?

Restez curieux de la musique bien faite sinon le commerce aura raison du bon goût et de la culture...

Voir la chronique de Presets

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