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Sommaire du n° 92

Paru le 28/04/2015

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Gwenael Kerleo - Entretien - Août 2010 (paru dans le Koid9 n°75)


Suite à un mystérieux problème, l'interview de Gwenaël Kerléo parue dans le n°75 (page 41) s'est retrouvée amputée de quelques questions et réponses. La voici ci-dessous dans son intégralité, agrémentée de quelques photos prises sur le vif par Daniel sur son portable lors du concert au Parc des Dryades à La Baule le 19 août 2010.
Toutes nos excuses à Gwenaël. Bonne lecture.


Bonjour Gwenaël, tout d’abord, pouvez vous vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore , en définissant votre style musical en tant que Harpiste chanteuse ?

Pour commencer, je me présente toujours comme une artiste qui compose ses propres œuvres. Ainsi, je n’interprète pas sur ma harpe d’airs traditionnels bretons même si je m’appuie sur une tradition bien vivante pour créer mes propres musiques.
J’aborde la création de façon très instinctive, me laissant guider par mes émotions. Ainsi, ma musique est à mon image, elle reflète mon univers intérieur. Bien mieux que des mots, elle traduit avec sensibilité ce que je suis, ce que je ressens. Il est important de préciser que c’est une musique essentiellement instrumentale, même si je viens au chant, petit à petit, avec beaucoup de bonheur.
Un ami conteur qui me connaît bien a écrit ces quelques mots pour décrire mon univers. Cela disait : « Il y a chez Gwenael Kerleo un intervalle entre les notes, un temps de latence ouvert sur l’imaginaire, un façon d’attaquer la corde qu’on ne voit et n’entend nulle part ailleurs. Elle vous entraîne dans des espaces sonores et visuels que vous n’auriez jamais exploré tout seul, dans des méditations paysagères essentiellement bretonnes, dans une tranquillité profonde qui vous apaise ».

Gwenaël, je vous ai découverte il y a plusieurs années par l’intermédiaire d’un ami, ayant créé une revue traitant de musiques celtiques « Why Notes » , c’était avec l’ album ″ Chemin de brume ″, j’ avais énormément apprécié à l’époque. Quel a été votre itinéraire d’ harpiste chanteuse depuis ? Y a-t-il eu de gros changements par rapport à « Pevar » votre dernière réalisation ?

« Chemin de brume » a marqué un tournant dans ma carrière. C’était le moment où j’ai fait le choix de vivre de ma musique. Je ne savais pas où j’allais, mais je savais que c’était le chemin que je devais suivre. Avec « chemin de brume », je découvrais l’univers de l’improvisation, puisque j’avais eu la chance de rencontrer des musiciens issus du milieu jazz. Cela a donné une nouvelle liberté à ma musique. Ce fut aussi le début des tournées à l’étranger, et essentiellement la rencontre avec le public Italien qui depuis, m’accueille toujours très chaleureusement.
Ensuite, j’ai eu une période plus calme musicalement. Ce fut une période où je me suis beaucoup consacrée à ma vie de famille et surtout de maman. Puis j’ai enregistré « Yelen » en 2003.
C’était une œuvre pour harpe solo, harpe celtique naturellement. Je souhaitais composer une œuvre dédiée à cet instrument. Je voulais le faire résonner autrement, montrer ses possibilités : faire entendre la finesse du son cristallin de ses aigus et la profondeur de ses basses, les subtiles harmonies créées par des notes égrainées et la richesse des accords parfois volontairement dissonants. Ce fut pour moi une belle rencontre avec mon instrument. « Yelen » reste une œuvre à la quelle je suis beaucoup attachée et que je donne en concert dans des espaces qui permettent une qualité d’écoute que nécessitent ces musiques. Ce sera le cas prochainement en Russie, où je serai en tournée fin octobre début novembre. Priez pour moi pour que je n’ai pas trop froid car je dois donner un concert le 2 novembre à Novossibirsk, au plein cœur de la Sibérie ! …

Après cette période « solo », c’est avant tout de rencontres et d’échanges dont j’avais besoin. Avec des musiciens, avec le public aussi. Cela a donné naissance à « PEVAR », mon quatrième album qui est sorti l’été 2009. Cet album, sans trahir mon univers musical relativement intime, se colore cependant d’une intensité nouvelle. Je souhaitais proposer une musique plus adaptée aux scènes des festivals. Et c’est ainsi que, entourée de 7 musiciens, je me suis produite cet été là sur la scène du festival de Cornouaille et des Vieilles Charrues. J’ai également été invitée à donner un concert à Tokyo à l’occasion de la Saint-Yves. Tout ça furent de très belles expériences.


Pour nos lecteurs qui sont plutôt des passionnés de musiques appelées « Rock progressif », connaissez vous des artistes à part Alan Stivell, bien sûr, je pense à des groupes comme Iona entre autres, qui ont su faire la synthèse entre les deux genres ?

Je ne connais pas très bien les groupes qui évoluent dans ce courant musical et je vais m’empresser d’aller découvrir le groupe Iona dont vous me parlez. En tout cas je reste fidèle à Alan Stivell. Sa façon d’innover est toujours extraordinaire.


Je vous considère comme une formidable harpiste, et sur scène, vous dégagez énormément d’énergie, du fait même que vous vous servez de votre harpe et la tenez comme une guitare, le sentez vous comme ça, ou est- ce une impression que j’ai ?

Merci pour les compliments !
En effet c’est une vraie révolution de pouvoir bouger sur scène. Cette harpe est exceptionnelle ! Enfin je peux bouger, me déplacer sur scène. Cela change tout. Quel bonheur de partager ainsi la scène avec mes musiciens. Et c’est bien le plaisir d’être sur scène avec eux, ces échanges de regards, de sourires, qui me donnent toute cette force et cette énergie.


On comprend à travers votre musique, la passion que vous avez pour cette Harpe Celtique, passion que je partage, connaissez vous Loreena Mc Kennit qui évolue à mon avis dans votre registre vocal et musical ?

Bien sûr et j’apprécie beaucoup sa musique. Je suis d’ailleurs allée l’écouter l’an passé au festival Interceltique de Lorient. J’aime la belle place qu’elle offre aux percussions, sa façon aussi de mettre en valeur les musiciens qui l’entourent. Et puis au-delà de ça, elle a vraiment un bel univers musical qui me touche.


Une question me brûle les lèvres : connaissez vous Andréas Vollenweider, un harpiste suisse que j'adore ?

Oui je connais la musique d'Andréas mais n'ai jamais eu la chance de le rencontrer. C'est un vrai artiste avec un son à lui, un univers à lui. Sa musique me fait parfois penser à celle de Vincenzo Zitello, un ami harpiste italien que vous connaissez sans doute, que j'apprécie énormément.


Je vous ai vu en concert avec 3 autres magnifiques musiciens, je sais que vous jouez dans des formats différents, quel est celui dans lequel vous vous sentez le mieux ?

Merci pour eux ! Et c’est vrai qu’ils sont magnifiques, je mes adore…
Il est difficile de répondre à cette question. J’aime beaucoup cette formule en quatuor, il y un un bel équilibre entre les différents instruments, et sur scène, une belle complicité entre nous quatre.
En solo, c’est autre chose. L’énergie est naturellement très différente. Je suis je crois plus habitée par mes musiques, mais c’est aussi le répertoire qui veut ça. Surtout quand je joue « Yelen » seule devant un millier de personnes comme c’est souvent le cas en Russie dans des salles Philharmoniques, c’est énorme ce qui se passe. Il y a une qualité d’écoute extraordinaire. Surtout lorsque je suis dans un moment où j’égraine juste quelques notes dans les aigus, en laissant les silences durer le plus longtemps possible, et que pas un bruit ne vient perturber cette musique murmurée, alors là c’est vraiment très fort.


Que pensez vous de l’avenir des musiques celtiques, vous qui jouez dans pas mal d’endroits dans le monde ? Et comment appréciez-vous l’attitude un peu frileuse quelquefois du public Français vers des musiques comme la vôtre se prêtant plus à une écoute attentive ?

Pour répondre d’abord à votre première question, je crois qu’il y aura toujours une belle place pour la musique celtique. Il n’y a qu’à voir le succès du festival interceltique de Lorient. La musique celtique semble avoir un réel aura qui rayonne un peu partout.
Pour revenir à ma prochaine tournée en Russie, elle se déroulera dans le cadre de l’année de la France en Russie. C’est quand assez même incroyable qu’il aient choisis pour représenter la France une artiste bretonne, qui de plus chante en breton.
Pour parler toujours de ce que j’ai pu constaté lors de mes tournées à l’étranger, c’est également très étonnant de voir le nombre de pubs irlandais que l’on rencontre à Tokyo ! Je n’imaginais pas. Et si chez nous pour être branchés il faut manger des suschis, à Tokyo, il faut manger des crêpes !!!

Et pour répondre à votre deuxième question, c’est vrai qu’en France la musique instrumentale n’a pas trop la côte. Et ça c’est culturel, on y peut rien. Il suffit d’allumer la radio pour s’en rendre compte. La qualité d’écoute est tout autre quand je me produis à l’étranger. C’est bien sûr quelque chose que j’apprécie énormément. Cela dit, j’ai quand même en France et en Bretagne un très beau public qui apprécie réellement ce que je fais.


Vous êtes une artiste Bretonne, pensez vous aujourd’ hui qu’il faut, tout en gardant ses origines, que la Bretagne s’ ouvre sur le monde du fait de la Communauté Européenne et que le discours régionaliste n’est pas un peu obsolète en 2010 ?

Je ne prendrai pas position au sens politique du terme car ne connaît pas tous les enjeux.
Mais ce que je constate, c’est que les bretons sont des gens naturellement ouverts sur le monde. N’ont-ils pas toujours été de grands voyageurs ? Mais cette force d’ouverture vers l’autre n’est possible que lorsque l’on se sent déjà fort de sa propre culture, de ses racines. De la même façon pour aimer les autres ne faut-il pas s’aimer et se connaître soi-même ? Alors on est libéré de tout questionnement qui nous empêche de vivre et on peut aller vers l’autre sans peurs et sans jugement.
Alors l’ouverture bien sûr. Comment faire autrement ? Mais tout en préservant l’essentiel, notre culture riche et vivante. Car nous savons bien que la langue bretonne est toujours menacée, il ne faut pas oublier. Je suis pour cultiver les différences.


Merci Gwenaël d’avoir répondu à ces quelques questions. Nous vous souhaitons bon vent, et continuez à entretenir nos rêves musicaux. Voulez vous dire quelque chose à nos lecteurs pour leur donner l’envie de vous écouter ?

Qu’ils fassent le détour par mon MySpace, simplement pour écouter quelques notes. Qu’ils fassent l’expérience de se laisser bercer par mes mélodies parfois hypnotiques, dans un moment de calme, de bonheur, ou de solitude. Je les y attendrai.

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